L’heure est grave.
Je ne me suis jamais autant détesté qu’à cet instant, car l’idée de juger un homme m’est insupportable. Mais il faut se rendre à l’évidence : un individu dangereux est en liberté, pire, il est autorisé à enregistrer des albums de rock!
Oui!
C’est horrible.
Jon Theodore, batteur du groupe Mars Volta sur cet album, est un dangereux psychopathe. Et personne ne dit rien. Alors je me dévoue, et je m’en vais faire le procès de cet homme, parce qu’il faut bien que quelqu’un le fasse.
Écoutons de-loused in the comatorium. Après quelques secondes d’introduction, prétexte à l’inauguration d’un culte obscure dont la nature m’échappe, Monsieur Jon Theodore commence à taper. Je pense qu’il suffirait d’écouter les premières secondes d’“inertiatic esp“ pour comprendre à quel point cet artiste est condamnable. Qu’est-ce que c’est que cette façon de jouer de la batterie voyons? Et si ses deux complices Cedric Bixler-Zavala et Omar Rodriguez-Lopez ne sont pas en reste, Jon Theodore plus que tout autre n’hésite pas dès cette première chanson à nous annoncer la couleur : ça va chier.
Oui, Mesdames et Messieurs, ça va chier, ce n’est pas moi qui le dit, c’est lui avec sa batterie. Et vas-y que ça tape dans tous les sens, même dans les phases psychédéliques, c’est trop rapide, trop irrégulier pour être bien intentionné. Déjà, quelque chose cloche. Et après ça devient pire.
«Roulette Dares». C’est là, d’après moi, que l’album commence vraiment. Zavala est possédé, son chant est perché, strident, Lopez hésite, il oscille entre riffs torturés et mélodies gracieuses, il voit Theodore emporter ses amis dans une spirale infernale, se bat pour rester un peu tranquille, mais Theodore tape dès qu’il peut en placer une. Heureusement, il se plie parfois à cesser quand les note de basse et de guitare l’amadouent, douces et sensuelles; le néophyte à espoir que ça se calme. Le néophyte, par définition, est bien naïf.
Car «drunkship of lanterns» démarre.
Ce procès pourrait porter exclusivement sur cette chanson si j’étais chien. Si quelqu’un doute des mauvaises intentions du groupe, et de Jon Theodore en particulier, qu’il écoute la chanson 5. Est-ce que l’accusé s’arrête plus de deux secondes de taper, de changer de rythme? Je ne crois pas. Et Lopez est dedans pour de bon, ses notes semblent improbables, on frôle la déraison. Theodore signe son pire délit de l’album, je veux bien sûr parler de ce refrain clairement anormal, dont l’atypisme n’a d’égal que la puissance rock’n’rollesque. Comment pourrais-je dire ça d’une composition terrienne, je vous le demande.
À 3:55, une accalmie. Cette fois même le néophyte se doute que c’est un leurre. Le refrain reprend, et c’est l’ultime décadence. En ce qui me concerne, ma tête bouge toute seule, Theodore soutient son rythme pour la première fois, je ne contrôle plus mes émotions, des larmes d’extase mouillent mes paupières, ils m’ont eu, ils m’ont à chaque fois!
«Eriatarka» semble si innocente en comparaison… un couplet d’une douceur insoutenable, une voix angélique, mais l’illusion est de courte durée. Les refrains sont plus saccadés qu’une départementale Auboise après les neiges hivernales, la batterie et la guitare voient double, ça va trop vite c’est insupportable, et notre envie de bouger les bras dans tous les sens en oubliant la pudeur est la preuve qu’ils en veulent à notre ego et à nos petits coeurs fragiles!
La preuve, à 4:50, ils jouent le même air deux fois moins vite, juste pour nous donner un aperçu de ce que la chanson aurait été s’ils n’étaient pas l’incarnation du mal. Et aussi sûrement pour faire leurs intéressants et nous montrer à quel point ils sont géniaux, mais là n’est pas le propos.
Certes, le pire est fait. Mais le reste est à venir (évidement, me direz vous pour peu que vous soyez taquin, mais le plus taquin des deux c’est moi, alors j’insiste, le reste arrive!). Et les preuves s’enchaînent. Dans «cicatriz esp», Theodore commence doucement, il martèle un pattern régulier et vicieux, place des cymbales à des endroits injustifiés, discrètement, pour finalement retaper de plus belle aux refrains, jusqu’à l’interlude à 3:22 où là ça devient carrément du grand n’importe quoi, et c’est si bon qu’on perd les pédales quelques secondes. La suite est calme, psychédélique, mais le mal est fait, Theodore place quelques roulements diaboliques, et nous, pauvres victimes affaiblies, nous régalons coupablement des notes de guitare anarchiques de Lopez en attendant la prochaine série de coups de boutoir. On croit que c’est fini, mais ils nous ont trompés; après nous avoir endormis quelques minutes, ils repartent pour un couplet et un refrain. Comme si on avait besoin de ça.
Je vous passe «this apparatus must be unearthed» et son rythme jazzy survitaminé, à ce stade on a bien compris que Theodore et son groupe nous veulent du mal.
Pas de batterie sur «televators». Normal, c’est la seule chanson lente de l’album. Un peu plus académique, cette chanson n’aurait su intégrer les coups machiavéliques d’un batteur possédé. Quelques touches de percussions, mais tellement fines que je parie que ce n’était pas lui.
Après avoir entendu Theodore faire son malin sur «take the veil cerpin taxt» en jouant comme Siva sous acide jouerait s’il avait une batterie à portée de main, l’heure est donc au bilan.
Soyons bref, cet album, ma grand-mère n’en voudrait pas. Je critique peu d’albums que ma grand-mère voudrait, mais celui-là, il ne me viendrait même pas à l’idée de lui en suggérer un échantillon. Ce serait comme, je sais pas moi, lui offrir un album de Charles Manson pour Noël. Et si je compare Jon Theodore à Charles Manson, c’est qu’il y a un problème, non? Jon Theodore est fou à lier Mesdames et Messieurs, coupable d’avoir enregistré avec ses amis l’objet d’un plan horrible prévoyant de tous nous rendre fous. Heureusement, cet album n’est pas tombé dans toutes les mains, les grandes ondes ont eu la présence d’esprit de flairer le complot.
Je propose donc que l’on condamne Jon Theodore à rester enfermé avec d’autres fous du même genre, ça ne lui fera pas de mal. Il est même capable d’aimer ça tiens, il a bien fini par enregistrer un album avec Zach de la Rocha, un autre comploteur maxi-nerveux. Et ils se sont appelés One day as a lion. Ca se passe de commentaires.
Une réponse sur « Mars Volta – de-loused in the comatorium »
You got it right! Bunch of crazy fuckers! J’aime ton blog.
Un admirateur anonyme.