Je sais bien qu’entamer la lecture vous a été difficile car vous bloquez sur la beauté de la chose. Pas évident de le quitter des yeux ; on l’imagine directement sur la cheminée.
Ben oui ! Mais vous commencez à me connaître, est-ce que je présente ici de simples objets décoratifs ? Est-ce que cette merveille pourrait être un objet anodin qu’on pose comme ça sur une étagère à côté du hibou en porcelaine et puis c’est tout ?
Ah non. Ah non. Anodin ? Non.
Mais bon, on va vérifier, par pur professionnalisme, que le multi-couteau à beurre cactus n’est pas un objet anodin.
1 – Le multi-couteau à beurre cactus est-il un objet anodin ?
Pour ce faire, nous allons bien sûr utiliser l’échelle Ryan Gosling. Ça reste un classique et ce n’est pas désagréable pour nos chères lectrices.
Pour les plus incultes d’entre vous je fais un petit récap’ mais on va pas y passer la journée, faut qu’on avance : l’échelle Ryan Gosling, c’est un peu comme l’échelle de Richter, à la différence que les deux n’ont pas le moindre rapport. Elle a été mise en place en mars par un professeur américain terrrrrriiiiiiiiblement intéressant, dans le but de mesurer une bonne fois pour toutes si oui ou non un objet est anodin, parce que y en avait marre de jamais trop savoir.
L’échelle Ryan Gosling se présente sous la forme d’une grille, avec en X des valeurs numériques de 4 à 44 représentant un genre de moyenne des caractéristiques techniques de l’objet (le cas échéant), et en Y une graduation alphabétique entre A et M, représentant si vous voulez, comment dire, les perspectives que peut offrir l’objet. Ses tenants et ses aboutissants, si vous préférez.
Attention, Ryan doit impérativement se tenir aux côtés de la grille et arborer un air des plus nonchalants, sans quoi le test serait caduque.
On dispose en G10 un mouton en plastique standard, parfaitement grotesque et anodin bien que choupi, puis on place l’objet à tester comme ceci :
Bon ben voilà hein, le multi-couteau à beurre cactus n’est pas un objet anodin.
2 – Est-il beau ? Objectivement est-il beau ?
La glissière du design :
[easyrotator]erf_48_1448463937/erc_49_1448464175[/easyrotator]
Voilà.
Analyse de la glissière du design :
Alors ça oui, sa ligne nous coupe le sifflet. Au delà même du design à proprement parler, le pari était osé, car il fallait charmer non seulement les amateurs d’ambiance déco, mais aussi les inconditionnels de pâte à tartiner, et enfin les plus érudits botanistes d’Amérique du Sud. Autant dire que c’était mission impossible !!!
Eh bien c’est un sans faute, tout le monde est charmé. Subjugué. J’ai un copain botaniste d’Amérique du Sud eh ben il est subjugué.
Parti pris tout en sobriété et réalisme au niveau du facteur verdure ; éloquence, intemporalité… et pour ne rien gâcher, l’élégance est de mise, et je pèse mes mots.
Les éloges se bousculent au portillon. Toutefois soyons raisonnables, place aux différents tests sans préjugés.
Les tests design :
Le multi-couteau à beurre cactus n’a pas à pâlir aux côtés d’une prestigieuse plante ornementale de salon. Coiffé de sa charmante petite fleur, il en impose sur un parquet en chêne véritable.
Qu’importe l’ambiance de votre intérieur : fashion, moderne, sixties, africaine, ethnique ou romantique, il va avec tout. Son pot réhausse les tons crème, et c’est bien.
Regardez voir comme cet objet peut nous faire voyager. En un clin d’œil, il transforme notre triste jardin d’hiver en tierras calientes mexicaines.
Les voyez-vous, ces mystérieux voyageurs aux sombres ponchos brodés de motifs millénaires, perchés sur leurs bourriques, certainement à la recherche d’une brebis ayant échappé au troupeau ? Ah ça, c’est du Miguel tout craché ; dès qu’il est en charge des bêtes, il ne peut s’empêcher de garder les yeux rivés sur la belle Clarisa, la plus jeune fille des Suarez, quand elle tend le linge de ses douces mains fragilisées par le labeur journalier sous ce soleil de plomb, et lui, pauvre jeune poète qu’il est, il se perd les pédales dans ses longs cheveux noirs et les bêtes échappent à sa vigilance. À la nuit tombée, il aura encore droit aux remontrances de son padre, à l’éternel sermon sur l’importance de la laine qu’ils vendent aux européens, leur gagne pain, oui, comme le père de son père avant, et d’autres bien avant encore.
Miguel sort de ses pensées. Juché sur son brave petit âne, il ouvre le chemin sur le sentier rocailleux bordé de cactus. Où est passé le petit fuyard ? Les soubresauts dans son estomac lui rappellent soudain combien les burritos de sa gran madre sont riches en fibres.
Mais je divague.
Oh oui je divague.
Allez, revenez.
Je terminerai le point design sur un détail mais pas des moindres : là où beaucoup auraient négligé l’intérieur des manches de couteaux, ici on a pris soin d’imiter à la perfection l’intérieur d’un cactus en pleine santé. Que celui qui n’a pas envie de croquer dans sa chair fraîche et vigoureuse me jette la première pierre !
3 – Est-il utile ?
Ben évidement qu’il est utile. Déjà, il propose six couteaux, excusez du peu. On peut tartiner comme des fous sans avoir à faire la vaisselle, c’est quand même pas rien. Il en faut de la tartine pour en arriver à bout.
Un truc à beurrer pour les copains et les copines ? Je sors mes couteaux ! Tartinut à gauche, mousse de canard à droite ? Pas d’problème ! Qui c’est qui veut du Saint Moret ? Il me reste 4 couteaux les gars.
Bon.
Et puis on peut l’emporter partout ! Il tient sans problème dans un sac à main. On peut enfin sortir en ville tranquille, sans avoir peur de manquer de couteaux à beurre !
Exemple : imaginons, je suis en cuisine, tranquilou, quand soudain mes convives au salon sont pris d’une terrible envie de tartine ! Ouille. Panique à bord, le fils veut du beurre, la cousine de la crème d’artichaut, tandis que frangin réclame des rillettes, la belle-mère du kiri… et puis ne parlons pas du beurre salé !
Que faire ? Tartiner moi-même en cuisine, en rinçant mon couteau à beurre à chaque fois ? C’est pénible, et ça commence à crier d’impatience au salon !
C’est là qu’intervient mon multi-couteau à beurre cactus. Croyez-moi, nos petits ventres sur pattes n’en reviendront pas. En deux temps trois mouvements, hop, chacun son couteau !
Et puis imaginez une ribambelle de gamins qui hurlent à tue-tête à réclamer du beurre, un mercredi après-midi… « Papa du beurre, papa du beurre » ! Bim bam boum, une compo sympa pour les faire rire ou même rêver, et hop, chacun son couteau.
4 – Est-il pratique ?
Tout d’abord, notons que quel que soit le côté par lequel on aborde le multi-couteau à beurre cactus, on tombe toujours sur un couteau, puisqu’ils sont disposés de manière circulaire dans leur support. Effectivement, si comme moi vous en avez marre de tourner autour de votre plan de travail quand vous arrivez du mauvais côté des porte-couteaux, voilà encore un problème de réglé pour de bon.
Test numéro 1 : Peut-on ranger le multi-couteau à beurre cactus dans le tiroir à couverts ?
Ouhlala, les tests commencent mal. On ne peut pas ranger le multi-couteau à beurre cactus dans un tiroir. C’est à dire qu’on peut, mais on ne peut pas REFERMER le tiroir après la mise en place. Imaginez qu’on se mette tous à laisser nos tiroirs ouverts, ça prendrait une place folle !
Vous imaginez le bazar ? Dans les pharmacies ? Pire, quand il n’y en a qu’un seul en bas de meuble ? Dans les stocks de la FNAC ? Tout le monde se prendrait les pieds dedans, les blessés s’entasseraient devant le rayon variété !
Et imaginez les brancardiers dans les hôpitaux avec tous les tiroirs ouverts tiens, autant le brave qui pousse je dis pas, s’il est un peu malin il peut se faufiler mais celui qui tire, il a pas des yeux dans le dos hein, PAF le tiroir des compresses stériles dans les côtes.
Avec tout ça il faudrait ouvrir des centres hospitaliers spécialisés dans les côtes de brancardiers, et je suis sûr que vous n’y pensez pas sérieusement.
La solution serait donc de désolidariser les couteaux de leur support. Là ça fonctionne, sauf qu’on perd tout l’intérêt ludique du cactus dans son pot.
Arf, c’est embêtant.
Du coup, une fois les couteaux rangés et le tiroir refermé, on se retrouve affublé d’un pot factice muni de quelques trous. L’idée serait de lui trouver une utilité quelconque.
Test numéro 2 : Peut-on trouver une utilité quelconque au pot sans ses couteaux ?
Non on ne peut pas y ranger ses croutons à l’ail. La longueur des fentes pourrait le permettre pour les plus petits des croutons à l’ail, toutefois la largeur n’est pas suffisante. De toute façon, même si l’on pouvait les faire passer dedans, il faudrait qu’ils passent tout juste, sans quoi les croutons tomberaient au fond du pot et ce serait l’enfer pour aller les chercher, bien pire encore que dans un grille pain. Et puis même, imaginons que la largeur de la fente permette tout juste de coincer des croutons, on se retrouverait face à deux gros inconvénients :
1/ on ne pourrait ranger que 6 croutons à l’ail, ce qui serait à peine suffisant pour un consommateur de soupe célibataire et sans enfant ;
2/ le crouton étant assez friable, on risquerait de l’endommager et ce serait fâcheux.
Si on parvenait, à l’aide d’un berlingot, à remplir le pot d’une sauce ketchup, barbecue ou autre, il serait impossible d’y tremper un délicieux bout de pain grillé car la partie supérieure du pot nous en empêche. Messieurs, vous auriez pu prévoir qu’elle se dévisse !
Par contre ça fonctionne pour les Spécial K de Kellogg’s ! En imaginant qu’on en choisisse 6 de taille adaptée, cette astuce permettrait d’apporter une demi douzaine de céréales à la fois sur la table du petit déjeuner, mais elle impose que l’on apporte les couteaux indépendamment de leur support, ce qui peut sembler nigaud.
Enfin, on peut parfaitement ranger jusqu’à 6 autres couteaux dans le pot. C’est bien mais si ça nous permet de ranger tranquillement les couteaux cactus dans un tiroir, à quoi bon en sortir six autres de ce même tiroir ?
5 – Comment ça se passe au sein des objets du quotidien ?
Esseulée et disposée parmi d’autres couteaux de toutes sortes, notre tranche de cactus semble chatoyer de mille feux. Sa bonne bouille mettra un peu de chaleur dans votre gamme de coutellerie un peu tristounette.
On peut disposer quelques fruits autour, le demi citron est un peu osé, par contre le look du multi-couteau à beurre cactus s’adapte très bien aux bananes. Avec le raisin je vous laisse juge. Je n’ai pas pu tester avec un ananas, j’aurais été curieux de voir le résultat…
Glissé délicatement entre le manche et les cordes d’une guitare acoustique de type Epiphone, le petit couteau saura être Rock’n’Roll (comme l’était notre briquet Johnny Halliday). Je l’ai mis en ré majeur pour l’exemple, mais ça fonctionne avec toutes les gammes hein, mineure majeure, chromatique, do ré mi, alors là, allez-y franchement.
6 – Conclusion
On tombe tout de suite sous le charme, il n’est pas parfait mais il est efficace, avec quelques petites améliorations le multi-couteau à beurre cactus pourrait être l’objet indispensable de 2016, pour mettre dans votre vie un peu de… piquant.